PATRICK KELLY – HYPNOSE et PHYSIONUTRITION NANTES

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FUTURS
Une fois que l’on a gouté au futur on ne peut pas revenir en arrière – Paul Auster – Extrait de Moon Palace.

En coaching, les techniques de visualisation, de futurisation, sont pratique courante. Le skieur se « voit » dévaler la piste à toute vitesse, « ressent » musculairement les sensations de la descente, frémit de bonheur sur le podium.

L’expérience hypnotique du futur déplace le point de vue personnel, de l’attente incertaine et potentiellement source d’angoisse – « je ne sais pas ce qui va se passer et je suis dans le brouillard » – au point vue « ça s’est déjà passé et c’est super ! ». Nombre de techniques PNL et hypnotiques utilisent ce déplacement temporel du point de vue : la remontée des niveaux logiques, la ligne de vie, les « bulles de savon » ou encore les demandes à l’inconscient de trouver « un grand nombre de solutions possibles et de choisir la meilleure, de la tester et de l’intégrer ». Ces pratiques permettent au Patient d’aller visiter des futurs possibles, et pour ceux qui conviennent d’en faire une expérience émotionnelle. En mode associé, comme déjà vécu par le corps, une mémoire du futur se constitue. Dans la mesure où l’expérience émotionnelle est engrammée, la réalité correspondante sera alors plus facile à atteindre naturellement. Elle est comme une évidence pour le corps et l’esprit qui tendront à la « retrouver ».

Une patiente, Anne, femme très active d’environ 35 ans, m’a dit souffrir de sa vie qu’elle qualifiait de « trop dynamique ». Très investie professionnellement, elle n’avait jamais de temps à consacrer à des loisirs, et disait avoir du mal à établir des relations. Elle vivait seule, sans compagnon, et en souffrait. Je lui ai proposé de faire un jeu : « la ligne de vie », une technique qui métaphorise le temps par l’espace. Sa ligne de vie était bien rectiligne, mais l’horizon était « bouché » à environ un an. Elle ne pouvait voir « après », se projeter. Après une induction rapide, toujours debout et en transe, je lui ai demandé de me décrire où elle était, comment c’était : Elle était conduisait un véhicule rapide sur une autoroute large, à plusieurs voies, seule, en plein désert. Elle avait le pied appuyé à fond sur la pédale d’accélérateur et ne pouvait ralentir. Je lui demandais comment était le paysage autour et elle me dit « c’est le désert, il n’y a rien que du sable ». Je lui demandais encore si elle pouvait ralentir, faire quelque chose, mais elle continuait à avancer à toute vitesse, « à fond la caisse ». A court d’idées et ne voulant pas suggérer quoi que ce soit du contenu mental qui devait lui être propre, j’utilisais la roue de secours verbale bien commode en ces circonstances : « la machine à phrase »… Au bout de quelques instants elle me dit soudainement : « mais je conduis un 4×4 !!!» ; le ton de sa voix dénotait une véritable surprise.

Je lui demandais alors de voir si elle pouvait quitter l’autoroute et rouler un peu à coté. Un peu plus loin, elle pu effectivement emprunter une sorte de bretelle, un chemin de coté, et roula sur le sable dur et cahoteux avec joie, ressentant les trépidations plus vivantes du véhicule. Il faisait très chaud et elle avait soif. Puis elle dit : « je vois une oasis au loin !». Elle s’y rendit et arrêta son véhicule à l’ombre pour se reposer un peu dans la fraicheur de la palmerai, manger des dattes et boire de l’eau fraiche. Je lui demandais si elle voyait des gens : Il n’y avait toujours personne mais l’endroit était très agréable, reposant.

Quelque temps après, elle reprit son véhicule et regagna l’autoroute. Sa conduite était plus calme. Elle me dit «Je sais que je peux m’arrêter si je veux ». Elle continua à rouler quelque temps et fini par arriver dans une petite ville agréable dans laquelle elle pu prendre son temps pour flâner et rencontrer des gens sympathiques.

Au réveil Anne était très détendue.

J’appris trois mois plus tard, qu’elle avait fait la rencontre d’un « ami », devenu son compagnon depuis.

Les techniques permettant de travailler sur le futur m’apparaissent puissantes, très porteuses de potentiel. Elles s’inscrivent bien dans le cadre des thérapies brèves qui ne souhaitent pas passer du temps en recherche causale sur d’hypothétiques « pourquoi » mais s’attachent plutôt à faire vivre un nouveau « comment » au présent et au futur. Il y a quelque chose qui s’apparente au jeu enfantin lorsqu’on fait travailler quelqu’un sur le futur. « Faire comme si…c’était une réalité ». L’utilisation symbolique de l’espace pour signifier le temps, la manipulation d’objets, de personnages isomorphes signifiant la problématique et pouvant être utilisés pour trouver une solution est fascinante : entendre que le déplacement d’un caillou dans un lit de rivière entraine la résolution d’un problème réel demeure magique, une véritable énigme qu’il n’est aucunement besoin de résoudre pour que « ça marche ».