PATRICK KELLY – HYPNOSE et PHYSIONUTRITION NANTES

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Dans cet article je me base sur le code du Syndicat National Praticiens Psychothérapeutes et non des hypnothérapeutes mais qui se retrouve sur un certain et grand nombre de points

Préambule
Il est souvent question dans ce qui suit de la « liberté » une notion qui m’est importante et il me semble utile de clarifier, ce que celle-ci recouvre dans mon esprit. En accord avec les thèses défendues par le constructivisme – en particulier que la « réalité » est une construction propre à chacun – il apparait que certaines de ces constructions sont plus adaptées que d’autres dans leur confrontation à l’expérience. La notion de libre-arbitre est limitée par notre physiologie, nos croyances, notre expérience. Lorsque je parle de liberté je fais donc référence à cette possibilité d’adaptation, accompagnée par la possibilité de choix volontaire du sujet. Il ne s’agit pas de parler la quête d’un absolu et mythique appelé « liberté », mais de l’accroissement pratique des possibles à partir d’un état donné. Le « plus de liberté » est ici associé à une « possibilité amplifiée de choisir une direction donnée parmi un plus grand nombre de possibilités et d’avoir la capacité de s’y tenir dans la durée à l’aide de sa propre volonté ».

Définition

Ici nous abordons un domaine particulièrement difficile et important relatif à la pratique des psychothérapies en générale et de l’hypnose en particulier. Afin d’être précis et en mesure de formuler des préférences, de définir des valeurs, de respecter des normes, et de trouver la bonne façon d’agir voici quelques définitions :

La Morale : C’est la science du bien et du mal, c’est une théorie de l’action humaine reposant sur la notion de devoir avec pour but le bien. Elle est une approche normative basée sur des valeurs clefs apprises, essentiellement transmises par la religion ou la société publique. C’est aussi l’ensemble des règles de conduites considérées comme bonnes. Elle fait surtout référence au passé et a été « transmise ». Elle a une connotation « pratique » ; c’est ce qu’il convient de faire notamment en collectivité.

L’Ethique : L’éthique est une démarche visant, face à un problème donné, à adopter la meilleure solution en s’appuyant sur des valeurs apprises, admises, intégrées, et en tenant compte du contexte dans lequel le problème se pose de manière factuelle. C’est donc une démarche et non une science figée. Elle s’intéresse aux problèmes concrets et à leur contexte pour adopter une solution. La démarche s’appuie essentiellement sur des valeurs (pour le courant conséquentialiste de l’Ethique) ou des normes (pour le courant déontique de l’Ethique appelé Déontologie). La déontologie indique un certain nombre de devoirs et d’interdits avec pour but, notamment dans le domaine des psychothérapies de protéger le Patient et le Corps de Métier qui l’a définit.

Souvent on parle d’Ethique, de comités d’Ethique pour donner une position de ce qu’il conviendrait de faire pour répondre à ces cas où la morale (règles) ne peut facilement s’appliquer car elle se réfère au passé et que les problèmes nouveaux ne peuvent tous trouver leur solution dans l’étude du passé.

Il est intéressant de comparer les courants de l’Ethique : Pour simplifier, on peut dire que le conséquentialisme s’attache à se rapprocher le plus possibles de valeurs que l’on s’est approprié, de maximiser un « bon » résultat en considérant une hiérarchie graduée de valeurs, alors que la déontologie s’attache au respect absolu de normes prédéfinies. Bien sûr les deux courants de l’Ethique ont des liens car il est évident que les valeurs peuvent fonder des normes et, en un sens plus subtil, l’habitude des normes peut ancrer des valeurs. La différence entre le conséquentialisme et la déontologie peut notamment se retrouver de façon prégnante dans des questions telles que « La fin peut-elle justifier les moyens ? ». Le conséquentialisme est plus dynamique dans la mesure où il demande en permanence une « reconsidération» face à une situation donnée et la prise en compte du contexte.

L’éthique est un sujet qui me parait extrêmement important dans le domaine des thérapies et en particulier de l’hypnose. Pourquoi ? Parce que la séance d’hypnose, sa préparation, ce qui se passe pendant la transe, l’utilisation de suggestions fortes, éventuellement dissimulées, la manipulation, vont produire un changement sur le patient. L’Ethique doit donc être abordée avec réflexion afin d’assurer à la personne du patient non seulement le respect mais aussi la sécurité.

Pour ma part, sans faire dans un premier temps d’analyse sur mon courant préférentiel, il y a intuitivement un certain nombre de points ; de questions qui se posent, auxquelles je tente de répondre avant de me lancer et durant la relation que j’établis dans le temps avec le patient.

Les voici :

1/ La personne a-t-elle formulée une demande réelle et insistante pour changer ? Est-elle en souffrance dans sa situation actuelle ? Est ce que je pense être capable de lui apporter un mieux être, c’est-à-dire une meilleure adaptation au «réel », ou au moins de ne pas lui nuire ? En quoi le changement va t-il avoir un impact sur son écologie, famille, réseau relationnel ?

2/ Y a-t-il des limites à se fixer, de la prudence à observer face à certaines situations ? Peut-on tout dire et/ou tout faire sous prétexte que l’on juge que cela est « bon » pour le patient?

3/ Est-il éthique de provoquer un « remaniement » des croyances de quelqu’un, même si l’on pense que ces croyances le limitent fortement, l’emprisonnent. Quelles vont être les conséquences ?

4/ La personne est-elle dépendante de moi ? Quelle est ma relation par rapport à elle ? Suis-je capable de couper le lien et est elle capable de reprendre son autonomie ?

5/ Quelle est ma relation par rapport à l’argent, l’échange est-il bien équilibré ?

6/ Comment aborder les problèmes sexuels, la vie sexuelle avec « l’autre sexe » ?

7/ Quelles sont mes limites par rapport à la confidentialité ?

8/ Est-ce que j’assume la manipulation ? Y a-t-il des limites ?

Ces questions font chacune l’objet d’une réflexion où
La problématique relative à la question est posée
Les articles afférents ou s’en rapprochant du code de déontologie SNP-PSY (Syndicat National des Praticiens en psychothérapie) présentés
Mes convictions personnelles, fruit de mes études et de mon expérience, exposées. A ce titre j’essaie de comprendre si ma position personnelle relève de la déontologie (norme) et à l’adhésion de ce code, ou du conséquentialisme (tentative de maximisation de mes valeurs propres en fonction d’une situation particulière donnée).

Fort heureusement, éthique normative et conséquentialisme aboutissent dans la majorité des cas à conduire l’action de la même façon. La différence ne se voit potentiellement que dans des « cas limites ».

Ethique et demande du patient
Lorsque qu’un nouveau patient se présente – souvent pour ma part par le biais d’une recommandation ou d’un conseil qu’il a reçu – il ma parait très important de valider sa demande. Cette personne a-t-elle réellement un problème d’adaptation au monde qui l’entoure, à elle même ? Comment se manifeste le problème par rapport à ses relations, sa famille – ce que nous appelons l’écologie. Sa problématique psychologique a-t-elle des impacts sur son corps ? (il me semble que le corps soit au final le meilleur juge de notre état « réel » tant le psychisme est fort pour se « raconter des histoires »). La personne veut-elle vraiment changer ? Sa demande est-elle explicite ? Est-elle prête à s’engager, à faire des efforts ? « Etes-vous vraiment sûr ? ». Insister sur cette réitération de la demande va permettre non seulement d’obtenir un l’engagement souhaité de la part du patient, mais aussi subtilement commencer à lui « faire croire » que le changement est possible, et qu’il va advenir rapidement.

A contrario, l’attitude que je qualifie de « Christique » me parait être dangereuse. J’ai pu voir ou entendre des personnes convaincues de « faire le bien des autres » en leur faisant des cadeaux qu’ils n’avaient pas demandés – les choquants dans leur croyance par exemple, pratiquant des recadrages abusifs etc. et ce souvent au retour de stages de développements personnels, de formations diverses. Ces personnes veulent souvent faire évoluer leur entourage qui a bien entendu stagné pendant qu’eux avaient progressé à grands pas. Véritables messies « révélés » ils dispensent leurs « cadeaux thérapeutiques » avec générosité et maladresse ! Cette volonté de faire le bien me semble correspondre à une perversion de l’égo, une erreur d’appréciation de ce que doit être un thérapeute et un manque de respect des personnes.

Concernant la demande et l’engagement, le code de déontologie SNP-PSY indique pour sa part :

Art. Il/6 – Responsabilité du client – Le psychothérapeute se doit d’attirer l’attention du patient sur sa responsabilité propre et sur la nécessité d’une coopération active et permanente de ce dernier.

J’adhère à cette position. Je suis persuadé que pour qu’un acte thérapeutique soit efficace, il faut qu’il y ait une demande insistante et réaffirmée de la part du patient. L’effort de sa part conjugué à son « attente croyante » (qui sera augmentée avec habileté) dans la capacité du thérapeute sont les meilleures assurances de son évolution à venir.

Le mot « permanent » du code de déontologie semble synonyme de « durée ». Pour ma part, considérant que la liberté est précieuse, j’insiste lors de la première entrevue sur le fait que le travail hypno thérapeutique s’inscrit dans des pratiques dites « brèves » et que le travail, la résolution vont être rapide, l’autonomie vite retrouvée. Ce qui est cohérent avec ce souhait de faire recouvrer une liberté « augmentée » à mes patients. Cette dernière position me semble relever de ma logique conséquentialiste, maximiser la valeur « liberté » (voir par la suite Ethique et Autonomisation).

Ethique et risque de l’action

Dans le domaine des Sciences dites « molles » et de la psychologie en particulier, personne ne peut avec certitude être assuré d’un résultat à venir, quand bien même l’assurance et les approches dites « stratégiques » sont utilisées. Il existe toujours des incertitudes, des risques. Il n’a pas de garanties absolues. Donc il faut respecter des principes de précaution. Bien sûr on insiste sur « l’intention positive », essentielle et il est évident qu’un thérapeute ne « doit pas nuire » mais la mise en pratique de ces conseils s’avère délicate. Avoir l’intention de ne pas nuire est un vœu pieux mais nécessaire quand l’équilibre du Patient s’apparente à celui d’un jeu de mikado.

J’ai repris ci-dessous, dans le code de déontologie SNP-PSY, les articles qui me semblaient en relation évidente avec le coté qualitatif, ce qui garantissait au Patient des interventions de la meilleure qualité possible.

« Art. 1/1 – Formation professionnelle. Le psychothérapeute a une formation professionnelle approfondie théorique et pratique apte à créer une compétence de praticien.

Art. 1/2 – Processus thérapeutique personnel. Il est passé lui-même par un processus psychothérapeutique approfondi. Cette démarche personnelle est distincte de sa formation, bien qu’elle y participe fondamentalement.

Art. 1/3 – Formation continue. Sa formation et son développement personnel doivent faire l’objet d’une constante régénération tout au long de sa carrière.

Art. 1/4 – Contrôle et supervision. Le psychothérapeute se maintient dans un système de supervision ou de contrôle de sa pratique par un tiers qualifié.

Art. II/1 – Qualité des soins. Dés lors qu’il s’est engagé dans un contrat thérapeutique avec une personne, le psychothérapeute s’engage à lui donner personnellement les meilleurs soins.

Je crois qu’un bon thérapeute doit se montrer utilisationnel et humble. Il doit pouvoir travailler avec ce que le patient « présente », considérer que chaque cas est unique, élaborer la stratégie adéquate et savoir accompagner le patient en étant capable de s’adapter en fonction de l’évolution constatée, des résultats intermédiaires. L’humilité, un égo épuré des scories projectives, des formations et un travail personnel régulier, sont les meilleurs garants de la qualité des interventions.

Je suis donc en accord total avec ces articles du code de déontologie (qui relèvent du bon sens). Il est effectivement utile que le thérapeute se soit formé à un certains nombres de techniques, qu’il révise régulièrement sa pratique et ait à sa disposition une palette de possibilités. Ceci afin de mieux pouvoir s’affranchir de toute rigidité et ainsi trouver la souplesse « utilisationnelle » nécessaire à chaque singularité. Il est important que le thérapeute soit dans une démarche personnelle de progrès constant et qu’il accepte d’être supervisé par un tiers, un référant. Il doit pouvoir s’appuyer sur un conseil, une assistance le cas échéant. Et ce, dès qu’il s’aperçoit qu’il a atteint ses limites, qu’il a des doutes, des ressentis personnels qui le déstabilisent. L’équilibre émotionnel du thérapeute doit pouvoir être « nettoyé » régulièrement par une structure de support et des pratiques personnelles (autohypnose, méditation, récapitulation…).

Ethique et croyances

Dans le domaine des thérapies brèves, il est convenu que le patient construit sa réalité en fonction d’un certain nombre de croyances. C’est ce qu’on appelle le Constructivisme. Certaines de ces croyances peuvent être la cause d’une adaptation malaisée au monde, de son mal-être. Des stratégies thérapeutiques visent donc à faire « changer le point de vue » du Patient (notamment les techniques dites de Recadrage).
Le code de déontologie SNP-PSY se prononce t-il sur ces questions relatives aux croyances et aux valeurs individuelles ?

Il dit en substance :

Art. Il/5 – Respect de l’individu. Le psychothérapeute respecte l’intégrité et les valeurs propres du patient dans le cadre du processus de changement.

Je mets donc un bémol à l’article de déontologie du SNP-PSY sur le point particulier des «valeurs propres » que j’étends au terme de « croyance ». Je pense effectivement que nous avons tous des croyances et que pour faire changer quelqu’un il est utile de pouvoir travailler sur ce qui le limite, de « dissoudre » certaines façons de penser, d’être. De le faire douter, voire de le déstabiliser temporairement afin qu’il retrouve ensuite un meilleur équilibre adaptatif, plus approprié.

Mais je crois aussi qu’il faut absolument respecter les croyances de chacun (et même si l’on pense intimement qu’elles sont erronées) si ces croyances apportent à la personne un confort mental sans être la cause d’un plus grand inconfort par ailleurs. C’est l’art du thérapeute de gérer ces effets de seuils, de jauger ce qui peut être changé au milieu d’une écologie complexe, de veiller à trouver le rythme de changement qui convient. Il y a ici un risque et une prise de position éthique : Chacun a sa propre définition de mots-valises comme « l’éveil » par exemple. Je crois que personne ne devrait se mettre en position « d’éveilleur » si c’est pour créer de la souffrance chez les autres, fut ce au prix d’une conscience étendue, d’une vision supérieure de ce que devrait être la liberté – la lucidité peut être une couronne d’épine. Je ne dirais jamais à un jeune enfant que le « père Noel » n’existe pas. Un adulte qui le ferait, cassant la féerie et la joie de l’attente – le merveilleux du mythe et de la fête familiale provoquerait colère et tristesse en moi. Laissons à chacun la liberté d’évoluer à son rythme, de découvrir une réalité qui lui est propre, surtout quand ses croyances lui sont bénéfiques.

J’ai découvert récemment un ouvrage très intéressant (malheureusement non traduit encore en français) « six things impossible to do before breakfeast – The evolutionary origins of beliefs » de Lewis Wolpert professeur de biologie appliquée à la médecine de l’University College Of London. Il explore dans son ouvrage les croyances diverses ; des plus ésotériques en passant par celles des mondes fantastiques, des religions, des superstitions, les sociétales etc. Il montre que d’un point de vue évolutionniste, ces croyances constituent un mécanisme de défense adaptatif qui nous a permis de mieux nous sentir dans le monde, qui nous aide fortement. Croire est une nécessité, souvent bénéfique.

En conclusion, les croyances ne doivent être retravaillées que dans une perspective purement utilitariste. Il n’est pas question ici de chercher une quelconque soit disant Vérité, mais bien de recadrer une croyance donnée qui serait la cause d’une mauvaise adaptation au monde vécue par le patient.

Ethique et autonomisation

L’hypno-thérapie s’inscrit dans le cadre des thérapies brèves. Lors du cours de la formation de Maitre-Praticien nous avons abordé la question du nombre de séances utiles. Paul Watzlawick dans son ouvrage « Stratégie de la thérapie brève » parle d’environ six séances. Bref, le nombre est compté contrairement à d’autres pratiques.

Le code de déontologie SNP-PSY indique à ce propos :

Art. Il/15 – Continuité. Le psychothérapeute se doit d’assurer la continuité de l’engagement psychothérapique ou d’en faciliter les moyens.

Art. Il/16 – Choix du psychothérapeute. Le psychothérapeute respecte et facilite le libre choix de son thérapeute par le thérapisant.

Ce code n’indique pas de « limite » ou d’avis relatif à la durée. Il insiste plutôt sur le fait d’assurer la continuité, de la faciliter… J’ai été très surpris lors de ma découverte récente de la psychologie, de voir que beaucoup de personnes passaient des années en psychanalyse à raison d’une consultation par semaine.

Ma conviction à ce jour est que ce type de pratique peut procurer un bien-être sur le moment et même dans la durée, mais réussit surtout à créer des individus à l’égo renforcé qui vont pouvoir « se raconter » plus facilement en ayant une mémoire autobiographique plus claire car partiellement réécrite au cours du temps par interprétation. Au final les causes seront peut être révélées mais connaitre celles-ci ne résoudra pas la problématique du patient, que je crois être une problématique émotionnelle qui doit être traitée en profondeur. De plus si le psychanalyste est indélicat, les sentiments négatifs pourront être ré-ancrés sans fin.

L’autonomisation des individus est extrêmement importante. Autant je conçois qu’une personne puisse avoir besoin d’aide et nécessiter temporairement un soutien psychologique, autant la notion de « liberté » m’apparait essentielle. J’élargis cette réflexion personnelle à la santé en général, et la société d’aujourd’hui me semble critiquable par sa capacité à créer de la maladie, du mal-être pour le soigner ensuite chimiquement, avec des béquilles diverses. Cette société instille pernicieusement de la dépendance. Alors n’en rajoutons pas, mais prenons au contraire cette opportunité qui nous est donnée de procurer un mieux-être à l’autre et de lui remettre les clefs de sa liberté en mains.

Je pense que le code de déontologie SNC-PSY est très limitatif en ce qui concerne la liberté des Patients. Je place cette valeur à un très haut niveau et je souhaite donc faire maximiser celle de mes patients. Oui, il est utile d’apprendre à remarcher à quelqu’un qui est tombé, d’abord avec des béquilles, mais surtout dans l’optique de le voir le plus rapidement possible marcher sans béquille. Ce que je vise c’est l’efficience, c’est-à-dire l’efficacité maximale au moindre coût.

Bien sûr il y a des cas qui peuvent nécessiter une continuité thérapeutique et alors les deux articles sus cités sont importants, mais alors le thérapeute s’inscrivant dans le cadre de la thérapie brève doit reconnaitre ses limites et « passer le relai » en cas de besoin.

J’ai rencontré ce cas récemment. JL était venu initialement me voir car il rencontrait des difficultés dans sa vie professionnelle et avait une piètre opinion de lui. Je l’ai vu pendant six ou sept séances et « toutes les techniques y sont passées ». Il avait progressé, mais de son aveu propre avait l’impression que les bénéfices de chaque séance s’estompaient progressivement. Il me retéléphonait donc systématiquement pour reprendre des rendez-vous et j’essayais d’espacer de plus en plus ceux-ci. Pour ma part j’avais le sentiment de ne plus pouvoir progresser et commençait à ressentir de l’ennui à l’idée même de le voir. J’étais aussi gêné de lui annoncer que c’était la fin et de « couper » notre relation. J’ai fini par lui rappeler que je m’inscrivais dans le cadre d’un processus court et que nous avions fini par nous « installer ». Je lui ai alors suggéré de faire une pause et dit aussi que ce serait bien qu’il ait le « choix » en lui communiquant les coordonnées de l’un de mes collègues – Maitre-Praticien. Ce qu’il a fait.

Ethique et Argent

L’Argent est une question qui doit se poser dans le cadre de toute relation de soin. Quel est le juste salaire ? Est-il sain que des personnes dont le métier et la vocation sont de soigner, puissent être intéressés par des facteurs financiers quantitatifs de type : « plus je vais avoir de malades, plus je vais gagner d’argent ». Comment fixer les tarifs ?

Sur ce sujet, Le code de déontologie SNP-SPY indique :

Art. Il/8 – Honoraires. Chaque psychothérapeute fixe lui-même ses honoraires en conscience.

Les professions de santé et « d’aide » en général s’inscrivent aujourd’hui dans la cadre d’une économie de marché mettant en relation des vendeurs et des clients et pratiquant l’échange de produits. C’est ainsi. Je crois qu’une société saine se reconnaitrait à sa façon d’honorer les « secoureurs » et de les incorporer à la structure sociale, en les libérant justement des contraintes matérielles, ce qui ne serait pas forcément parfait mais canaliserait les tentations, et les dérives humaines, trop humaines. Rémunérer le médecin tant qu’on était en bonne santé et s’arrêter de payer des honoraires quand on tombait malade, c’était une coutume qui faisait partie des idées les plus profondes de la médecine rurale de l’ancienne Chine.

Le « salaire » constitue aussi une protection pour le thérapeute, une balance, effaçant au moins partiellement la dette et participant ainsi à une meilleure autonomisation une appropriation juste pouvant être intégrée totalement avec son solde de tout compte. Il est aussi un facteur d’engagement du client. Je pense que la « gratuité » doit être absolument évitée car pour tout type de « don », il faut qu’il existe un « contre-don » (Cf Marcel Mauss) libératoire. Ne rien devoir à personne et pouvoir « oublier » facilement le « mal-être » et tout ce qui lui était associé – dont le thérapeute – font partie du processus de recouvrement de la santé.

Il m’est arrivé d’avoir des tarifs très variables selon les patients. Au début de ma pratique, j’ai travaillé « gratuitement » sur des personnes amenées par mon entourage proche. Quelques-unes me faisaient des cadeaux en retour : livres, invitations diverses. J’ai pu être frustré de voir que certaines avaient notoirement progressé puis semblaient m’avoir « oublié », tout comme elles avaient oublié leur problème. Le déséquilibre était de mon coté. Pour certaines, l’engagement me paraissait insuffisant et ce que nous faisions ensemble s’apparentait plus finalement à un jeu. Maintenant, quand je pratique, j’essaie dans la mesure du possible de m’éloigner d’un « prix marché ». Récemment une amie m’a envoyé quelqu’un qui était au RMI. Après discussion, celle-ci a payé ses séances la moitié de ce « prix-marché ». Cela constituait un gros effort pour elle et pour moi ; équilibré finalement.

En conclusion, j’adhère à ce qui est indiqué par le code de déontologie SNP-PSY ; c’est à chacun de fixer le prix de la consultation, en conscience.

Ethique et Sexualité

Un thérapeute homme peut-il aborder les questions sexuelles avec une patiente femme dans le cadre d’une séance d’hypno-thérapie ?

Que dit le code de déontologie SNP-PSY en la matière ? Le seul article parlant de sexualité est celui-ci :

Art. Il/4 – Abstinence sexuelle. Le psychothérapeute s’abstient de toutes relations sexuelles avec ses patients ainsi qu’avec ses étudiants en formation et collègues en supervision.

Lors de mes consultations avec certaines patientes nous abordons très ouvertement les questions sexuelles quand elles se présentent. A titre personnel, je ne m’impose pas de limitations dans ce qui est dit, dans la parole, dans mes réflexions sur le sujet. Néanmoins et par réflexe, je fais très attention à éviter tout contact physique qui pourrait être ambigu, mal interprété. Si je dois « poser une ancre », je préviens la personne à l’avance qu’il y aura un ou plusieurs contacts pendant la transe.

Les phénomènes de transfert pouvant être particulièrement puissants lors des thérapies et groupes de développement personnel m’incitent à considérer l’article du code de déontologie SNP-PSY suivant comme « évident ». Le thérapeute est dans une position telle, particulièrement en hypno thérapie, que tout « dérapage » en la matière pourrait être catastrophique et pour lui, et pour la réputation de l’hypnose et des hypno thérapeutes en général. L’hypnose alimentant un certain nombre de fantasmes dans le grand public, il peut paraitre plus sécurisé, notamment pour le thérapeute homme, de ne pas aborder en état d’hypnose les problématiques sexuelles féminines, bien que des métaphores puissent habilement être trouvées. Cette clientèle serait donc « réservée » à des thérapeutes femmes, même si l’on peut penser que la solution passerait justement par le fait que le thérapeute soit un homme. La limitation me parait donc être plus un principe de précaution – évitant les attaques ultérieures éventuelles qui pourraient fantasmer sur des « abus » – qu’une problématique technique ou d’efficacité. Je me suis aussi demandé s’il ne serait pas sage d’enregistrer les séances, par extension de ce même principe de précaution.

Ethique et Confidentialité

Une condition essentielle au bon fonctionnement d’une psychothérapie, quelle que soit la technique utilisée est la disposition du client à pouvoir « lâcher-prise » en toute sécurité, en toute confidentialité, plus qu’il ne pourrait le faire nulle part ailleurs.
Le cadre de la séance doit donc être un lieu sacré, un espace-temps où tout peut se dire, ou le patient peut révéler sa véritable personnalité, dévoiler son intimité la plus profonde. Le thérapeute est garant du secret, de l’anonymat du Patient.

Le code de SNP-PSY indique :

Art. Il/9 – Secret professionnel. Le psychothérapeute est soumis aux règles usuelles du secret professionnel qui s’étend à tout ce qu’il a vu, entendu ou compris au cours de sa pratique.

Art. Il/10 – Garantie de l’anonymat. Le psychothérapeute prend toutes les précautions nécessaires pour préserver l’anonymat des personnes qui le consultent ou l’ont consulté.

Art. Il/11 – Secret professionnel et co-thérapie. Si des raisons thérapeutiques nécessitent la collaboration avec une personne donnant des soins au thérapisant, le psychothérapeute ne peut partager ses informations qu’avec l’accord du patient. Cet accord est implicitement donné dans un processus de co-thérapie.

J’adhère totalement aux quelques articles suivant du code de déontologie SNP-PSY qui me semble relever du respect des personnes.

Au début de ma pratique, recherchant des patients, et faisant la promotion de mes nouvelles compétences au sein de mon entourage, un certain nombre d’amis m’ont envoyé des proches, parfois leur femme, un parent. La situation m’a paru délicate car souvent, ces amis, me posaient des questions générales et discrètes sur ces mêmes proches qui étaient entretemps devenus mes patients, me demandant mon avis, essayant de savoir si la situation évoluait. J’ai toujours été rassurant sans ne jamais donner de détails, éludant les questions rapidement pour passer à autre chose, rappelant le cas échéant que les séances étaient strictement confidentielles.

La conclusion que j’ai tiré des ces situations ambigus liée au mélange patient, ami est qu’il vaut mieux éviter de travailler sur un entourage de proximité. Premièrement la relation peut s’en trouver altérée car il est dur de jouer deux personnes à la fois – relation et thérapeute -, deuxièmement les sollicitations de l’entourage de la personne peuvent être gênantes.

De façon générale, lorsque que je discute de tel ou tel cas avec l’un de mes « pairs » Maitre-Praticien, l’anonymat est toujours de mise. Nous débattons sur des patients anonymes en nous prodiguant mutuellement des conseils, des idées thérapeutiques.

De mon point de vue la seule raison valable pour transgresser la règle de confidentialité serait que le patient mette sa vie ou celle d’autrui en danger. Dans ce cas, le secret ne devrait à mon sens être levé, qu’après consultation d’un superviseur compétent et information au Patient de la rupture du secret et des raisons qui la motivent.
Cette exception me parait relever de l’éthique conséquentialiste.

Ethique et Manipulation

Dans l’hypnose, plusieurs formes de manipulation sont mises en œuvre. Je détaille une partie de ces formes à la lettre M (comme Manipulation). Y a-t-il des limites à respecter dans les techniques de manipulation utilisées ?
Les manipulations peuvent être de l’ordre des techniques de langage pour mettre le client dans un état propice à l’acceptation, dans les métaphores sous forme de message caché, dans des mensonges (fausses anecdotes isomorphiques par exemple etc.), dans l’utilisation de phénomènes physiques naturels, dans la mise en état de confusion, dans le recadrage des croyances etc…

Il n’y a pas d’article dans le code de déontologie SNP-PSY afférent à la manipulation en général hormis celui que nous avons déjà vu concernant le « respect des valeurs propres du patient ».

Je crois qu’il est important dans tous les cas de respecter la dignité et l’intégrité de la personne et j’assume totalement que l’hypnose soit en partie manipulation si elle est appliquée avec une intention positive, avec bienveillance et conscience. Le thérapeute dans sa stratégie manipulatrice devra avoir un comportement et des pratiques qui visent l’objectif de toujours s’efforcer d’agir en sorte « d’augmenter » le nombre de choix possibles du Patient : de maximiser sa liberté, sa possibilité de choisir en étant autonome.

Sur la manipulation en général, je crois que tout « système de pensée » que ce soit dans les sciences molles ou même les sciences dures est manipulatoire. Même en se faisant le plus discret possible, le psychanalyste, par sa formation, ses questions, ses silences, ses attentes croyantes, manipule inconsciemment son patient. Il faut reconnaitre l’importance de la suggestion, de l’influence en général, qu’elle soit volontaire ou involontaire, consciente ou non consciente dans tout processus thérapeutique.

Les pratiques psychothérapeutiques non manipulatoires sont un mythe. La seule question qui vaille est : est ce que ces pratiques apportent un meilleur bien-être, durable et libératoire, au Patient ?

Mon éthique en la matière est conséquentialiste, elle reconnait un fait, qu’elle assume parfaitement car celui-ci est nécessaire à la conduite stratégique de la thérapie et au futur mieux-être du patient.

Certaines personnes au « retour » de leur séance d’hypnose, prises d’une amnésie spontanée m’ont parfois demandé ce qui s’était passé. L’une d’entre elles, un chanteur-compositeur de Rap était convaincu qu’il avait fait des choses extraordinaires. Bien entendu, je ne l’ai pas démenti, étant moi-même comme dans un état d’agréable surprise. Je lui ai suggéré que les agréables surprises commençaient déjà et que ça allait continuer crescendo dans les prochains jours, semaines, mois. Depuis, il a organisé des concerts, été l’invité de festivals et obtenu un succès appréciable.

Conclusion

Comme nous l’avons vu certaines pratiques liées à l’hypnose ne sont pas toutes stricto sensu prévues par le cadre normatif de la déontologie (notamment en ce qui concerne la manipulation et le recadrage des croyances) mais entrent plutôt dans la tendance définie par l’éthique conséquentialiste qui vise à maximiser un résultat en fonction de valeurs acceptées et intégrées.