PATRICK KELLY – HYPNOSE et PHYSIONUTRITION NANTES

3 rue de la biscuiterie  44000 NANTES

Envoyer un message

Appeler le cabinet

Heures d'ouverture

lun-ven : 13h30-20h00
sam-dim : 09h00-15h30

Je préfère peindre des yeux humains plutôt que des cathédrales – l’âme d’un être humain, même les yeux d’un pitoyable gueux ou d’une fille du trottoir sont plus intéressants à mes yeux – Gustave Courbet.

Réflexions et expérience 

Les yeux, le regard occupent une place de choix en hypnose. Dans la mythologie populaire beaucoup croient que c’est par le regard que « passe l’hypnose », à tel point que certaines personnes rencontrées qui savent que je pratique un peu puissent chercher à éviter mon regard. Le regard a un aspect fascinant. D’aucuns pensent que les yeux sont une fenêtre sur l’âme et il est effectivement saisissant de percevoir tout ce que peut transmettre le regard. Il informe profondément sur la personne à tel point que certaines pratiques de santé se focalisent sur les yeux (exemple l’iridologie). Cette fascination est cultivée par les hypnotiseurs de spectacle. Il n’est que de regarder le fameux Dominique Webb aux globes exorbités, hypnotiser les passants dans la rue pour s’en convaincre. Enfin, le développement sensoriel et la pratique régulière de l’hypnose font que nombre de praticiens redécouvrent les vertus de la vision périphérique, non focalisée et globale, insondable, qui donne une impression « bizarre », entretenant la confusion, celle que la personne du thérapeute est elle-même à la fois ici est ailleurs. Cette posture est à elle seule une suggestion confusionnante, qui tend à montrer par mimétisme l’état dans lequel on doit arriver.

Nombre de techniques traditionnelles d’induction utilisent la vue, le regard. Souvent dans un premier temps pour la focalisation. C’est le cas du « fameux pendule », ou d’un détail à regarder sur l’ongle du pouce avec le bras tendu (et qui pèse de plus en plus lourd…), de la technique du regard « interne » par le plafond de verre provoquant une bien naturelle, mais incompréhensible, incapacité à ouvrir les yeux. La fixation a pour effet de confusionner fortement le sujet et l’hypnotiseur habile pourra jouer de cette déroute, de cette « déstabilisation du conscient » propice à l’abandon de la transe.

Habituellement, lors de la formation à l’hypnose Ericksonienne, les personnes ont les yeux fermés et en dehors de phénomènes caractéristiques tels que les lévitations et les réponses à des suggestions spectaculaires, un spectateur non averti peut douter de la réalité de la transe et penser qu’il s’agit d’un léger sommeil, que le sujet est simplement « endormi».

En hypnose classique, j’ai pratiqué des inductions durant lesquelles les hypnotisés gardaient les yeux ouverts. L’une des techniques consistait à demander au sujet de tendre les bras, de joindre les mains bien serrées, en croisant les doigts entre eux à l’exception des deux index qui devaient rester bien séparés et tendus vers l’avant. Des suggestions directes et répétées étaient alors données avec conviction, renforcées éventuellement par des pressions sur les mains : « Les mains sont de plus en plus serrées. Les doigts se rapprochent. Impossible de les retenir. Ils s’attirent comme deux aimants. De plus en plus. Ils se touchent. Collés. De plus en plus collés. Comme avec de la colle forte… impossible de les décoller !!!». Les deux index se rapprochaient inexorablement et étaient effectivement collés en moins d’une minute ! Fait avec conviction, cet exercice est très puissant, y compris pour l’hypnotiseur. Il se produit dans la majorité des cas quelque chose de vraiment surprenant : le regard de la personne est totalement absorbé pendant l’induction par ses deux doigts et l’incroyable se produit devant les propres yeux du sujet stupéfait : il voit avec surprise ses doigts commencer à se rapprocher, à se toucher et à se coller, et finit par quitter la réalité du contrôle pour s’abandonner à la seule cohérente possible à ce moment, celle suggérée par l’hypnotiseur. Les yeux restent grands ouverts. La fascination est un état. L’expression de la surprise peut demeurer sur le visage. Les yeux ne sont plus focalisés mais un peu vitreux, absorbés sans focale, les pupilles dilatées. Les suggestions peuvent alors continuer et servir plus facilement d’autres exercices spectaculaires (catalepsie totale, hallucinations visuelles etc.) que le sujet recevra et exécutera les yeux grands ouverts.

Pour l’hypnotiseur aussi, c’est extrêmement surprenant d’observer le sujet en transe, les yeux grands ouverts. Il peut y avoir plus de difficultés, de réserve, à donner des suggestions à quelqu’un qui a les yeux grands ouverts qu’à quelqu’un qui a les paupières closes, tant l’ouverture des yeux semble normalement liée à l’éveil conscient. Presser « un beau citron jaune » qui n’existe pas dans un verre rempli d’eau devant l’hypnotisé et lui tendre le verre pour le faire boire demande une véritable force de conviction, plus que de l’aplomb, un culot certain !

Enfin, d’un point de vue nerveux, il semble que les images jouent un rôle prépondérant en hypnose. La transe et le rêve sont peuplés d’images. Les mouvements oculaires du rêve et de la transe sont significatifs d’une imagerie en pleine action.

Il est amusant de constater que nombre d’ouvrage consacrés à l’hypnose placent en couverture des yeux « grands ouvert » suggérant les mystères des profondeurs de l’hypnose, ainsi du récent ouvrage sur l’hypnose de Bernard Lancelot – Hypnose, secrets et techniques.