PATRICK KELLY – HYPNOSE et PHYSIONUTRITION NANTES

3 rue de la biscuiterie  44000 NANTES

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Un jour un ami hypnothrérapeute me raconte :
« Et bientôt, machinalement, accablé par la morne journée et la perspective d’un triste lendemain, je portai à mes lèvres une cuillerée du thé où j’avais laissé s’amollir un morceau de madeleine. Mais à l’instant même où la gorgée mêlée des miettes du gâteau toucha mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait d’extraordinaire en moi. Un plaisir délicieux m’avait envahi, isolé, sans la notion de sa cause. Il m’avait aussitôt rendu les vicissitudes de la vie indifférentes, ses désastres inoffensifs, sa brièveté illusoire, de la même façon qu’opère l’amour, en me remplissant d’une essence précieuse : ou plutôt cette essence n’était pas en moi, elle était moi. J’avais cessé de me sentir médiocre, contingent, mortel. D’où avait pu me venir cette puissante joie ? Je sentais qu’elle était liée au goût du thé et du gâteau, mais qu’elle le dépassait infiniment, ne devait pas être de même nature. D’où venait-elle ? Que signifiait-elle ? Où l’appréhender ? » – Du coté de chez Swann – Marcel Proust.

Introduction

L’acronyme VAKOG est utilisé comme un moyen mnémotechnique pour signifier les différents canaux sensoriels avec lesquels nous fonctionnons : Visuel – Auditif – Kinesthésique – Olfactif – Gustatif. Les individus sont différents dans leur manière d’accéder à une information (système conducteur) et de la coder en profondeur (Système de représentation principal). Selon leur configuration VAKOG les individus vont avoir tendance à s’exprimer à l’aide de prédicats reflétant leurs canaux sensoriels privilégiés.

Expérience

A diverses périodes de ma vie, je me suis exercé à l’écriture. D’abord sur un mode autobiographique, puis sur le mode de l’histoire du roman. La création de divers personnages me semblaient plus intéressantes pour refléter mes contradictions et pousser la logique aussi loin que possible dans leurs différences en un lieu à priori protégé. Il me semble que le roman soit encore un lieu qui permette une certaine liberté de penser, d’expression. Nous pouvons y faire vivre des saints ou des criminels, confronter nos pulsions dans ce qu’elles ont de plus morale ou de plus abjecte. Je me suis beaucoup posé de question sur le style, admiratifs des grands écrivains à l’écriture simple et limpide. Avant ma formation, je pensais que les lecteurs recevaient l’écriture d’une même manière, assez uniforme.

La découverte du VAKOG et des modes préférentiels de représentation et d’expression de chacun a été d’une aide précieuse pour m’aider à avoir une écriture plus fluide, de nature à plus associer le lecteur aux scènes. Avant d’écrire une scène, et dans la mesure où je suis très visuel, je me plonge dans le tableau et j’en explore ensuite la gamme des registres sensoriels, imaginant leurs submodalités. Je « rêve » la scène intensément puis la retranscrit ensuite en essayant de mieux équilibrer la part faite à chaque canal perceptif. Cet exercice d’écriture ressemble aux procédures de retraitement des émotions : visualiser en mode dissocié – s’associer – se dissocier à nouveau pour raconter en se distanciant. Ce procédé est similaire aux étapes de la récapitulation sauf que la scène initiale est « créée » de toute pièce en fonction de ce que je souhaite exprimer.

Ci-dessous, un texte écrit sous VAKOG 😉 après mon voyage au Vietnam – et avec un clin d’œil général à l’hypnose.

« Je suis passé en équilibre sur la plateforme qui tanguait pour rejoindre à l’arrière de la barge le petit kayak bleu qui m’attendait. Le petit matin était brumeux, frais et agréable en comparaison des grosses chaleurs lourdes d’humidité de la journée. Le paysage de la baie d’Along ressemblait a ces tableaux japonais dont les couleurs sont un peu fades et verdâtres, comme si elles étaient atténuées par un filtre qui en effacerait les reliefs et les contrastes et ne laisserait passer qu’une légère impression. De ça et là de gros ilots, en forme de pains de sucre gris ou alors a la végétation exubérante émeraude, émergeaient des brumes rafraichissantes. Le kayak a commencé a glisser silencieusement sur les eaux vertes et molles, calmes et protégées de la puissance de l’océan par les majestueux remparts de granit oblongs. J’ai pris la pagaie et senti l’eau fraiche ruisseler sur mes mains. Cette eau ne ressemblait pas encore a une eau de mer, elle n’avait pas la senteur des océans ouverts, des algues et du varech breton mais plutôt celle des lacs fermés ou des bolons africain. Une sorte d’eau plus douce et végétale dans laquelle pourrait se perdre des racines des palétuviers protégeant les milliers des petits alevins des grands prédateurs. Je longeais doucement les falaises abruptes des ilets, glissant en faisant le moins de bruit possible, respectant l’harmonie naturelle. Fondre dans le silence, ne faire qu’un avec le mouvement, hypnotique, répétitif, sentir ces bras qui appuyaient doucement sur la pagaie, regarder ce spectacle dans un silence total et cristallin, entendre parfois sous les cavernes rocheuses les gouttes cristallines qui tombent des stalactites translucides, en résonnance. Ploc. Ploc. Ploc… aux sonorités clairement détachées comme dans le cœur d’une cathédrale. La fraicheur moite enveloppait mon corps, et le ciel commençait à devenir jaune derrière les brumes. Je sentais les premiers rayons caresser légèrement mon visage avec leur douce chaleur. J’eu envie de fermer les yeux enveloppé dans cette tendre torpeur protectrice. Mes paupières étaient lourdes, et mon corps était agréablement bercé, à la dérive. Je sentais tous mes membres peser, peser, peser, infiniment. Le temps était suspendu.

Nam me montrait les salles de karaoké de Cholong, le quartier chinois de Saigon. Je lui avais demandé de me montrer le musée d’histoire et de la réunification. Il avait rigolé en s’énervant et je sentais une tension inhabituelle qu’il maitrisait en me disant que tous ces musées ce n’était que de la propagande, tous ces gens qui réécrivaient l’histoire et racontaient des mensonges. Je ne visitais pas le musée pour ne pas perdre un ami et je faisais aussi attention à ne plus prononcer le mot Ho Chi Min pour désigner Saigon. . Nam me dit que nous ferions mieux d’aller diner en plein air puis nous amuser chez sa cousine, Kim, voir les chinois et les coréens chanter et faire la fête entre eux avec des filles et de l alcool dans des petites salles privatives de karaoké. Le lieu était délicieusement kitsch, avec de belles couleurs passées, oranges, vert pomme, rouges, telles qu’on aurait pu les voir dans les années 70, comme un zeste de Flower Power. Sa cousine, Kim, nous a reçus avec les honneurs et puis fait visiter les lieux, en véritable maitre de cérémonie. Les managers étaient au garde à vous: manager du restaurant, manager des boissons, manager des filles. Nous avons visité les quelques salles ou l’on pouvait apercevoir les groupes de chinois, d’hommes d’affaire éméchés chanter devant les collègues hilares, au comble de l’excitation et attendant leur tour, buvant verre sur verre. Chacun était accompagné d’une jolie hôtesse, choisie dans ces lieux pour la circonstance. Les lumières étaient tamisées et l’on entendait les tubes des années 70, 80. Abba, boney M, les Rubettes Sugar Baby Love etc…

Kim ouvrit l’une salles pour nous. Au dessus était marqué en lettre lumineuses : Entrée-Entrance. Elle nous apporta des plateaux de fruits, Papaye, Goyave, Mangue, Fruits du dragon, coupés et qui collaient aux doigts. Des alcools, Saigon Beer, Larue etc… Nam chantait au micro sur des tubes vietnamiens sirupeux. Je sentais l’alcool s’instiller dans mon ventre, mes veines, mon cerveau et ma vue commençait à se brouiller. Je voulais garder mes yeux ouverts, ouverts et plus je désirais les garder ouverts et plus je sentais mes autres membres s’engourdissaient, pesaient confortablement, agréablement dans les profonds canapés. Le corps était lourd, posé là, reposé, et les paupières doucement descendirent, pendant qu’au loin un bruit de fond jouait là ailleurs ici et au loin.

Le signal retentit, perçant et sonore comme une corne de brume dans une cathédrale. Je me retournais surpris, encore assoupi, avec une impression de flottement. C’était la jonque qui me rappelait, et qui se dirigeait, vers moi encore au loin. Les brumes s’étaient dissipées et le soleil dardait maintenant des rayons plus vigoureux. Je sentais sa pression sur mon épaule. Biafine ce soir me dis-je ».