Le silence et la solitude pourraient être les clés du bien-être

De nos jours, tout le monde ou presque est débordé : ce qu’on appelle “le quotidien” ressemble de plus en plus à une course contre la montre pour respecter telle ou telle échéance, avec en guise de bande-son un incessant bruit de fond constitué de voix, de bips, de bourdonnements et d’injonctions contradictoires. De plus en plus d’experts considèrent pourtant qu’un tel style de vie est néfaste pour la santé. Si vous cherchez à améliorer votre bien-être en 2025, le temps est peut-être venu de vous accorder davantage de moments de silence et de solitude.

Que nous en soyons conscients ou non, être bombardé de nuisances sonores au quotidien est une réalité pour la plupart d’entre nous. Qu’il s’agisse des notifications sur nos téléphones, des podcasts dans nos oreilles, du bruit de la circulation ou du bourdonnement d’un trajet de métro, nous sommes exposés au bruit sans interruption, chaque jour et souvent même la nuit. Or, de plus en plus d’études montrent à quel point ce bruit de fond est nocif pour la santé.

L’impact de ce phénomène est considérable : en Europe occidentale, l’Organisation mondiale de la Santé cite le bruit de la circulation (qu’elle soit routière, ferroviaire ou aérienne) comme deuxième cause de problèmes de santé, toutes catégories confondues. En plus d’inhiber notre capacité à gérer le stress, le bruit de fond permanent influence notre santé physique, augmentant le risque de problèmes cardiaques, de troubles cognitifs ou de maladies comme le diabète.

“Pour donner du sens aux situations et aux expériences, nous devons avoir le temps de les assimiler”, explique Deirdre Nazareth, ostéopathe et spécialiste des nuisances sonores. “Certaines parties du cerveau nous permettent de le faire : elles s’activent dès que notre cerveau n’est pas concentré sur des stimuli externes, comme pendant la flânerie ou le sommeil. Quand on est constamment entouré de bruit, l’incapacité à se déconnecter peut entraîner des changements structurels et fonctionnels dans ces parties du cerveau. Or, de tels changements peuvent aussi indiquer une neurodégénérescence liée à l’âge, ou précéder des troubles psychologiques tels que l’autisme, la schizophrénie, la dépression, l’anxiété ou le stress post-traumatique.”

Comment s’accorder des moments de silence en journée ?

Vu comme nous sommes sans cesse exposés au bruit, il n’est pas étonnant que beaucoup d’entre nous appréhendent le silence. “Beaucoup de mes patients sont intimidés par le silence total”, confirme le Dr Vijay Murthy, médecin pratiquant l’ayurveda (médecine traditionnelle de l’Inde) et cofondateur de la clinique Murthy Health. “L’ayurveda préconise un équilibre ; le silence doit être bienfaiteur sans nous isoler. Considérez-le comme un choix, pas comme une contrainte.”

S’accorder davantage de périodes de silence ne signifie pas forcément partir en pèlerinage sur les chemins de Compostelle : si vous ne savez pas par où commencer, vous pouvez vous y habituer par petites touches. “Personne ne vous oblige à déménager à la montagne, précise Vijay Murthy. Accordez-vous d’abord de petits moments de pauses. Éloignez-vous de vos appareils électroniques ou trouvez des moments de calme entre les tâches. Passez plus de temps à l’extérieur. Les arbres et les espaces naturels sont comme des casques antibruit pour l’âme.”

Si l’idée d’un silence complet vous tétanise, contentez-vous de moments ou d’activités propices à l’introspection. “Le silence prend de nombreuses formes, et se couper du bruit peut se faire en se plongeant dans un bon roman, en peignant, en se promenant ou en respirant. Cela ne signifie pas forcément que vous devez rester assis dans un silence total”, explique la nutritionniste Hannah Alderson. “Ces moments de silence sont importants, car ils vous permettent de vous plonger dans vos pensées et d’être dans le moment présent, en vous offrant un espace pour décompresser et permettre à votre corps d’entrer dans un état de faible stimulation.”

Les avantages de passer du temps seul

Le silence n’est pas le seul luxe à votre portée en 2025. Une nouvelle étude de l’université de Reading révèle que passer plus de temps seul est lié à une réduction du stress, à un système nerveux central plus calme et à une plus grande clarté d’esprit.

“Si passer du temps seul peut sembler banal, la solitude est en réalité l’essence même d’une bonne santé globale”, assure Sarah Jones St John, fondatrice du club de bien-être londonien Grey Wolfe. “En vous ancrant dans le présent, la solitude calme votre système nerveux et attire votre attention sur tout inconfort nuisant à votre bien-être physique, mental ou émotionnel.”

“Ce calme et cette tranquillité favorisent la clarté, continue-t-elle, et peuvent être utiles pour prévenir les maladies et les affections futures, simplement en puisant au plus profond de vous.” Si ce n’est pas déjà fait, pensez donc à inclure des moments de solitude réelle et ininterrompue dans chacune de vos journées, et constatez que votre bien-être s’améliore de façon naturelle.

Si vous êtes conditionné à assimiler solitude et tristesse, l’étude révèle aussi que les effets négatifs de l’isolement réduisent dès lors que la solitude est motivée par un choix personnel plutôt que par des facteurs externes. Autrement dit, si vous voulez vraiment en tirer profit, votre décision d’être seul doit être réfléchie, planifiée et aucunement contrainte.

“Si vous êtes très sociable, explique Vijay Murthy, la solitude pourra vous sembler inconfortable au début. Commencez par recadrer la situation : considérez la solitude comme un moment pour prendre soin de vous, et surtout pas comme une punition. Vous n’évitez pas les gens : vous vous ressourcez de façon à pouvoir être plus présent pour eux. Commencez par viser petit, avec une routine matinale tranquille ou une promenade nocturne sans votre téléphone. Avec le temps, vous verrez comment ces moments vous donnent plus d’énergie et de clarté, y compris quand vous revenez à votre vie sociale.”