PATRICK KELLY – HYPNOSE et PHYSIONUTRITION NANTES

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Ces dernières années, un certain nombre de laboratoires ont retiré du marché des médicaments des molécules prometteuses car celles-ci ne démontraient pas de meilleurs résultats aux tests les opposant à des Placebos (produits neutres). Dans les deux cas, souvent, la situation des malades s’améliorait notablement, mais le pourcentage de réussite ne différait pas entre la « molécule active » et le « Placebo », le Placebo dépassant même parfois la molécule active.

Et ceci dans diverses maladies telles que la dépression mais aussi très graves comme peuvent l’être par exemple la maladie de Parkinson, la schizophrénie, les ulcères, l’hypertension etc. Il existe aujourd’hui un certain nombre de maladies où les médicaments, fruits de la recherche la plus sophistiquée, ne battent des pilules inertes simplement sucrées associées au discours rassurant d’un médecin attentionné.

Un nombre croissant d’études tentent aujourd’hui de comprendre ce qu’est l’effet Placebo qui, indubitablement, donne des résultats probants et peut, s’il est bien compris, servir aux médecins à renforcer notablement la puissance des traitements qu’ils prescrivent , être un formidable catalyseur vers la guérison.

Les études psychiatriques ont montré que l’empathie du médecin pouvait avoir plus d’effet sur les Patients que le contenu même du traitement. On a aussi découvert en faisant des statistiques sur de longues périodes que les performances des traitements pouvaient être très variables en fonction du « lieu », « de la culture » (pays etc…) où ils étaient administrés et que l’effet Placebo pouvait en quelque sorte apparaitre comme « contagieux »…

Le problème des études relatives à l’effet Placebo est que celui-ci est souvent considéré comme un aspect uniquement psychologique relatif à la suggestibilité, à la crédulité du Patient, plutôt que comme un véritable phénomène physiologique qui pourrait être utilisé sciemment, stratégiquement, dans des buts thérapeutiques.

Depuis près de 15 ans, des études ont été conduites pour justement démontre que l’effet Placebo entrainait en fait des réponses physiologiques réelles dans le corps et pouvait activer des composés internes très variés tels que les opioïdes qui peuvent soulager la douleur, réguler le cœur et la respiration. C’est aussi le cas de l’activation de la dopamine qui peut améliorer le fonctionnement moteur dans le cas de la maladie de Parkinson. Des mécanismes physiologiques tels que ceux-ci peuvent aussi être à l’œuvre concernant l’humeur, les capacités d’apprentissage, les troubles digestifs, l’insomnie, la régulation des hormones liées au stress comme l’insuline ou le cortisol. Nous disposons dans notre corps d’une véritable « usine pharmaceutique » pouvant générer « à la demande » ses propres médicaments de façon endogène. Encore faut-il savoir comment cette demande – l’effet Placebo – peut être correctement activée.

Des études faites sur des patients souffrant de douleurs chroniques ont montré que ceux présentant aussi des déficits de capacité à prédire l’avenir (Alzheimer etc…) étaient moins réceptifs aux effets Placebo car incapable de « projeter » les bénéfices de leur traitement, de les anticiper. L’effet Placebo semble donc fortement corrélé à la possibilité de pouvoir « anticiper » un mieux-être. De façon opposée, le développement d’une « attente vers un état dégradé » peut entrainer le Patient vers des conséquences dramatiques (effet nocebo).

Concernant la douleur par exemple, il est apparait que l’attente à la douleur crée la douleur et que la croyance de la disparition de la douleur entraine une baisse notable de la douleur. Ce sont les mêmes mécanismes qui sont à l’œuvre. En d’autres termes, l’effet Placebo aide à guérir en « pénétrant » (hacking) la capacité de l’esprit à prédire le futur, en y introduisant l’espoir de guérison comme un germe.

Nous passons notre temps à « évaluer » ce qui se passe autour de nous pour améliorer nos prévisions, notre destin : le ton de la voix du médecin quand il fait son diagnostique, sa poignée de main, son attitude, les états des patients souffrant de la même chose et les guérisons avérées, les bénéfices constatés d’un médicament par rapport à d’autres etc… sont de véritables déclencheurs d’effet Placebo. Les chercheurs appellent ces aspects sociaux du traitement, le rituel thérapeutique. Et il s’avère extrêmement important à l’étude.

De plus, les Patients qui bénéficient de l’attention la plus grande de la part des médecins – discussion, réponse aux questions, attention, confiance dans le traitement – obtiennent les meilleurs résultats en terme d’effet Placebo.

D’autres constatations sont assez intéressantes : Dans certains pays, les placebos et médicaments ont beaucoup moins de succès sur les Patients que dans d’autres. Car une grande part de la population trouve « commun, normal » de souffrir par exemple d’hypertension.

Les couleurs de médicaments Placebo peuvent aussi avoir des connotations culturelles et produire des effets différents selon la géographie, être associés à des croyances etc… La publicité médicamenteuse, elle aussi, a un impact de plus en plus puissant en suggérant aux Patients des situations de « mieux-être » dans leur vie courante.

Le Placebo remet donc la Relation Patient-Thérapeute à l’honneur et démontre à quel point une « bonne relation » associée à une espérance renforcée en la guérison proche ou en cours peut être puissante.

Nota : ce post est en partie un résumé d’article paru dans le magazine Wired « Placebos are getting more effective. Drugmakers are desperate to know why » de Steve Silberman. Merci.