Hypnose Classique ou de Spectacle ?

par | Avr 26, 2018 | Hypnose de Spectacle, Hypnose Grand Public, Hypnose Thérapeutique

Patrick Kelly

CLASSIQUE
« Avant que j’ai compté jusqu’à trois […] tu vas tirer la langue à la société, une langue si longue que tu n’as jamais su que tu pouvais la tirer si loin ». Thomas Mann – Extrait de Mario et le Magicien.

Définition de l’hypnose dite « classique » ou de « spectacle ».
« C’est la première manière de pratiquer l’Hypnose. Elle se caractérise par l’aspect très directif de l’hypnotiseur. C’est l’hypnose que l’on voit dans les spectacles de music-hall ».

Expérience
Je me suis rendu très curieux à une formation sur l’hypnose classique ne sachant pas vraiment à quoi m’attendre. J’étais alors très sceptique sur la réalité de l’hypnose. A cette époque. Depuis ça a bien changé…

Durant cette formation, j’avais été surpris par plusieurs aspects
Le caractère très direct et autoritaire de l’hypnotiseur
La formation est essentiellement pratique
La pratique peut s’apprendre très rapidement et les stagiaires sont très actifs et travaillent immédiatement ensemble pour induire mutuellement des transes hypnotiques

Je restais les premiers jours curieux et dubitatif (c’était mon premier contact avec l’hypnose en général) concernant la réalité du phénomène de « transe ». La conviction du formateur était impressionnante et je crois que j’ai vraiment commencé à me poser des questions quand il a fait venir un élève sur scène et lui a suggéré que sa jambe était raide : celui-ci ne pouvait plus la plier et marchait en effet en boitant avec la jambe raide provoquant l’amusement et la curiosité de chacun.

Après avoir travaillé un ou deux jours sur la synchronisation et compris l’importance de celle-ci, nous sommes passés aux inductions proprement dites. Chutes avant, chutes arrières, sur le coté etc… Puis de plus en plus « spectaculaire ». La véritable première surprise a été lorsque j’ai suggéré sur un ton très directif à une stagiaire, de poser sa main contre le mur et qu’elle ne pouvait plus la « décoller », qu’elle se collait de plus en plus fermement comme avec de la colle forte. Je me suis soudain tût. Elle avait un regard un peu vide. Je me suis demandé ce qui se passait. Elle ne bougeait plus, immobilisée. J’attendais. Puis elle a dit au bout d’un moment « est ce que tu peux me décoller ? ». Elle semblait ailleurs, lointaine, et d’une certaine manière, moi aussi je me sentais dans un « drôle » d’état. Je lui ai suggéré alors que sa main pouvait se décoller, ce qui a pris un peu de temps. Son bras était après encore tout raide et j’ai du continuer à suggérer le « relâchement » quelques minutes de plus pour revenir parfaitement à la situation d’origine. Je crois que c’est à ce moment là que je me suis dit que le phénomène de la « transe » était tout bonnement formidable.

Lors de ces premières inductions, j’ai appris à me laisser aller – à lâcher-prise progressivement – mais je n’avais toujours pas, au bout du troisième jour, l’impression d’avoir vécu une transe véritable. Plusieurs personnes ayant suivi le cursus « d’Hypnose Ericksonienne » étaient présentes dans ce cours et l’une d’elle m’a proposé de me montrer une induction Ericksonienne. C’était « agréable » mais je n’étais encore pas convaincu que je pourrais être hypnotisé et une frustration commençait à poindre. Enfin, le 4eme jour, nous avons continué un peu plus loin et mon partenaire, après une série d’inductions classiques m’a suggéré que je ne ressentais plus rien dans le bras, dans la main, comme s’il était « pris » dans un manchon de givre. Je me suis demandé ce qui était en train de se passer. Des picotements dans ma main, dans mon bras droit étaient curieusement perceptibles et la prise de conscience de ce phénomène associée à la ratification n’ont fait que l’accélérer. Une partie de moi était le spectateur amusé et libre de ce qui se passait sur cette autre partie du corps. Ma main gauche a été pincée et je ressentais de la douleur. Ma main droite était ensuite pincée, et je ressentais à peine une légère pression. Il m’a ensuite été suggéré que mon corps était chaud et que de la chaleur se diffusait dans mon bras. J’ai senti le manchon de givre se dégeler et même, à ma surprise, de fins copeaux de glaces se détacher comme une peau de mon avant bras, et tomber. Là, enfin, je me suis dit « l’hypnose, ça existe vraiment et c’est génial ! ». J’étais heureux d’avoir pu expérimenter mon premier état de transe.

Enthousiasmé, je me suis ensuite porté volontaire pour expérimenter une induction assez rapide par «saturation mentale et choc », curieux mais ne sachant pas à quoi m’attendre. Je devais tourner sur moi-même, les yeux ouverts regardant bien les détails de la pièce et en décomptant à voix haute de trois en trois à partir de 202 : 202…199…196…193… etc.

Le formateur m’a soudain mis la main dans le dos et « claqué » le front en posant sa main dessus en disant très fortement et fermement « TU DORS !!! ». L’effet de surprise a été tel que j’ai senti mes jambes se dérober, comme si d’un coup elles étaient en coton, et je me suis retrouvé par terre. L’instructeur me parlait et je luttais difficilement pour « revenir ». Le formateur a remarqué ma résistance et m’a permis de ressortir rapidement de cette transe que j’avais vécue comme une violence. Pendant l’après midi, je me suis senti vaseux comme si je sortais indemne d’un accident de voiture après avoir fait plusieurs « tonneaux » mais satisfait d’avoir expérimenté cet autre type de confusion très rapide que pouvait constituer le choc. C’était comme si à un moment, mon cerveau ne comprenant plus la réalité avait du se raccrocher à la seule réalité tangible, à la seule bouée de sauvetage qui se trouvait là, la parole du Formateur, seule réponse acceptable à la confusion de la situation.

Lors d’un autre exercice avec une élève, Nathalie, un approfondissement de transe par la descente d’un escalier m’a été proposé. Nathalie m’a suggéré qu’au bas de l’escalier je trouverais quelque chose qui me ferait très plaisir et que je recherchais. Je crois que j’ai alors pensé à mon désir d’écrire. Que je trouverai une aide pour mieux écrire. Arrivé à la dernière marche, il s’est passé quelque chose d’émotionnellement très fort : j’ai vu un proche, décédé il y a plusieurs années, venir vers moi et me prendre dans ses bras pour m’étreindre et m’embrasser. J’ai été bouleversé et les larmes sont venues contre toute attente. Nathalie m’a fait remonter l’escalier avec sensibilité en se gardant bien d’interférer dans ce qu’elle avait perçu et vu, respectant l’intimité de mon expérience. J’ai compris à ce moment ce qu’était le « lâcher-prise », quelque chose aussi qui permettait de relâcher le contrôle émotionnel, de faire surgir plus spontanément, les émotions et les images, un peu comme dans le rêve.

J’ai commencé immédiatement pendant et après le cours d’hypnose classique à expérimenter avec succès des inductions sur mon entourage ré-expérimentant la technique de la descente de l’escalier et sa formidable suggestion ouverte. Certaines personnes m’ont dit ce qu’elles avaient trouvé « en bas », des objets symboliques souvent, d’autres ont gardé cela pour elles. Toutes m’ont dit combien l’expérience leur avait plu et souvent dans les jours suivants elles m’ont dit qu’elles avaient l’impression d’avoir beaucoup « rêvé » comme si cette expérience avait provoqué quelque chose.

Les points forts que j’ai découverts et retenus grâce au cours d’hypnose classique ont été les suivants :
L’hypnose existe 😉
La conviction de l’opérateur est importante pour faire de bonnes inductions.
La synchronisation et tout ce qui constitue la communication non verbale sont essentiels.
Il existe plusieurs manières d’induire l’hypnose, certaines douces basées sur le langage, d’autres beaucoup plus intrusives basées sur la surprise ou le choc.
Lors d’une bonne induction l’hypnotiseur est aussi dans une sorte de « transe » ouverte sur l’hypnotisé.
Certains sujets semblent beaucoup plus facilement hypnotisables que d’autres.

La différence essentielle entre l’hypnose classique et l’hypnose ericksonienne réside dans la « directivité ». Alors qu’en hypnose ericksonienne, l’hypnotiseur est une sorte d’accompagnateur qui suggère et laisse une grande liberté à l’hypnotisé, en hypnose classique, le ton est très autoritaire, fort, impératif, impressionant.

Pour comprendre cette différence, il faut comprendre dans quels cadres historiques et milieux culturels ces deux formes d’hypnoses sont apparues. Une conclusion a cela est qu’il existe un grand nombre de modes possibles pour induire une transe.e temps ». De suggérer que quelque chose se produit, va se produire ou continue de se produire.

Par exemple :

« Et maintenant tu peux voir cet escalier… »

« Et la main, le bras, continuent à se lever, progressivement, à leur rythme… »

« Et dans quelques instants tu pourras découvrir quelque chose que tu…. »

On utilisera donc dans les suggestions, les adverbes ou verbes de temps comme :

Durablement, Progressivement, Lentement, A son rythme, …
Progresser, Commencer, Continuer,…
Petit à Petit, De Plus en Plus, Dans quelques instants, Tout à l’heure, Bientôt, Dès que, En même temps, etc…

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