Bonjour, voici un petit compte rendu du Livre « Créer le réel », de Thierry Melchior que je viens de terminer et que j’ai trouvé excellent. Il s’agit d’une version mise à jour de la mouture initiale qui était déjà parue en 1998.
Tout d’abord, un petit mot sur Thierry Melchior et son « pedigree ». Il est psychologue, philosophe et a longtemps exercé en tant que psychanalyste. Il a été président et fondateur de la Société Belge d’Hypnose, ainsi que de l’institut Milton H. Erickson de Belgique. Il enseigne à l’Université Paris 8 et se consacre à des activités en hypnose et thérapie brève dans divers pays.
Dans son ouvrage, T. Melchior retrace l’historique de l’hypnose et s’attache à comprendre et décrire autant que possible le « phénomène » à partir des phénomènes plus généraux de communication. Cette analyse permet de dégager un ensemble de principes qui permettent d’aider le praticien dans son exercice. T. Melchior compare aussi dans son ouvrage les Thérapies Brèves et leur « esprit » orienté sur le présent, les objectifs, l’intérêt ou non pour les
causes et compare cette approche avec la psychanalyse dont le centre de gravité pèse lourdement sur le passé 😉
J’avais lu précèdemment « Qu’est ce que l’hypnose » de Roustang, un court ouvrage magistralement écrit et qui n’est absolument pas un livre de « recettes » mais qui s’attache à comprendre le phénomène hypnotique. « Créer le Réel » de Melchior continue sur cette lancée. C’est un livre trans-domaines au sens où l’hypnose peut se marier avec beaucoup de domaines différents (thérapies, arts, communication etc…) et permet de se poser de nombreuses questions, notamment sur :
– Ce qu’est le Réel et quels sont les critères auxquels nous nous rattachons pour définir la réalité. L’accession au « statut de réalité » est réétudiée par T. Melchior au prisme de critères tels que : observabilité, netteté, structure, régularité, permanence, fréquence, analogie, non-contradiction, sérieux, désirabilité, consensus etc… Ce chapitre est passionnant car il permet de comprendre mieux ce qui se produit quand ces critères s’effacent et que la confusion s’installe, et de mieux comprendre à quoi nous nous raccrochons dans notre « réalité » .
– Le cadre dans lequel s’inscrit la « séance » hypnotique – au même titre que le cadre d’une pièce de théâtre par exemple s’inscrit dans un environnement particulier avec un décor, des possibles, un début et une fin, des marqueurs déclaratifs tels que les « trois coups » etc…
– Le langage comme Créateur. D’un coté le langage réfère (c’est-à-dire « il parle de ») et de l’autre coté « il profère » (c’est-à-dire « il fait advenir ») . Il existe des « actes de langage » qui ne réfèrent à rien du tout mais CREENT.
– Ce qu’est la « dissociation » et ce qui la provoque et la favorise d’un point de vue communicationnel. A ce titre T. Melchior élabore une théorie de la Communication en Hypnose en repensant le principe d’altérité.
– L’importance du couple « pensée/acte » et la rétroactivité de chacun. D’où la logique de la « prescription de taches pour modifier les patterns etc… ». « Nos actes ne sont pas seulement l’expression de nos vécus internes, ils rétroagissent sur ceux-ci ».
– La relation patient-thérapeute en thérapie brève. Th. Melchior démonte ce qu’il appelle des croyances thérapeutiques, pour énoncer ensuite ses principes thérapeutiques à mettre en oeuvre dans cette relation.
Bref, le livre c’est assez volumineux ~500 pages mais passionnant et à mon sens, et d’excellente qualité littéraire (ceux qui ont aimé « Qu’est ce que l’hypnose » de Roustang adoreront ! .
J’ai l’impression que cet ouvrage m’a fait gagner beaucoup de temps dans ma compréhension générale du phénomène appelé « hypnose » et dans la compréhension de ce que c’est que les « thérapies brèves », et leur esprit.
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